Acheter un appareil argentique n’est pas une tâche facile. Depuis quelques années, ces produits envahissent les sites de seconde main à différents prix et conditions. Une série de vérifications approfondies reste nécessaire avant de passer à la caisse, permettant ainsi d’éviter toute mauvaise surprise. Bien que l’état de l’objectif et du boîtier offre des indices essentiels sur la santé globale du matériel, d’autres éléments méritent une attention particulière.

J’ai eu le plaisir de discuter avec HostoPhoto, un expert en réparation d’appareils argentiques, dans le cadre de cet article. Nous avons élaboré ensemble une liste exhaustive des points cruciaux à examiner avant d’acquérir votre appareil photo. Ne vous inquiétez pas, je vous explique tout !

1- Les mousses

Il est fondamental de commencer par vérifier l’état des mousses entourant le capot arrière de la lumière. La dégradation des protections peut entraîner différents effets négatifs sur votre appareil, dont :

  • L’apparition de fuites de lumières visibles sur les films si le boîtier n’est plus étanche
  • Un effritement de la mousse provoquant une poudre qui viendra salir votre pellicule argentique, voire l’intérieur de l’appareil.

Pour ces deux raisons, HostoPhoto recommande vivement de remplacer ces mousses après l’achat pour éviter de potentiels désagréments.

2- Les impacts

Examiner l’aspect extérieur de l’appareil permet de repérer d’éventuels chocs. Malheureusement, les chutes ne sont pas sans conséquence pour ces objets parfois fragiles. Les impacts les plus forts peuvent décaler le télémètre, créer des fuites de lumière entre le boîtier et le capot arrière, ou bien causer des problèmes de parallélisme au niveau du châssis.

3- Le compartiment à piles

La vérification du compartiment à piles demeure essentielle, car les batteries usagées peuvent couler et corroder le boîtier. HostoPhoto recommande d’avoir un large choix de piles pour tester les appareils qui pourraient vous intéresser. Essayez donc de garder un stock conséquent pour vous adapter à votre matériel. Dans votre réserve, vous pouvez par exemple placer des piles PX625 (pour le Canon Ftb), 2 ou 4 piles LR 44 pour le Canon AE-1, une pile CR5, etc.

💡Vous avez des pellicules périmées ? Ne les jetez-pas, utilisez-les !

4- Les vitesses d’obturation, une vérification indispensable avant d’acheter un appareil argentique

Un déclenchement réussi est une preuve encourageante du bon fonctionnement de l’appareil. Mais, il reste crucial de tester les différentes vitesses d’obturation. Les vitesses les plus lentes (4 s, 2 s et 1 s) peuvent être évaluées à l’oreille. Cependant, les plus hautes ne peuvent être inspectées sans outils. Un appareil argentique ayant déjà bien vécu présente facilement des vitesses hautes plus basses que d’habitude. Et à l’inverse, des vitesses basses peuvent être plus lentes.

Alors, comment expliquer un tel problème ? La vitesse des rideaux, mais aussi une mécanique non huilée ou encrassée, entraîne une détérioration de l’appareil. Une révision complète de l’appareil permet de tout remettre en ordre pour garantir le bon fonctionnement de votre matériel.

5- L’objectif 

Afin d’effectuer une vérification efficace de l’objectif, il est important de procéder par étape et de manière systématique. 

L’aspect extérieur

Commencez par vérifier l’extérieur de l’objet et assurez-vous que celui-ci ne présente aucune trace de chocs, surtout au niveau de la lentille frontale. Cet endroit reste fragile puisque régulièrement abîmé lors des chutes. 

Choc au niveau de la lentille frontale.

La mise au point

Vérifiez ensuite la bague de mise au point. Est-elle dure à tourner ? Au contraire, semble-t-elle trop fluide ? Un léger bruit de frottement peut indiquer la présence de grains de sable dans le mécanisme. Dans l’éventualité où vous achetez un objectif seul, testez-le avec un boîtier. Cela vous permettra notamment de contrôler la mise au point à l’infini. N’oubliez donc pas de prendre votre appareil pour réaliser ces vérifications ! 

La lentille

Regardez la surface externe de la lentille avant et arrière pour identifier toute présence de rayures importantes. L’utilisation d’une forte lumière, telle que celle d’un smartphone, facilite la détection de filaments de champignon à l’intérieur de l’objectif.

Présence de filaments indiquant un champignon.

6- Le nombre de déclenchements

Certains appareils argentiques récents affichent le nombre de films utilisés ou la somme des déclenchements effectués. Ces informations sont notamment présentes sur des boîtiers « moyen format » comme sur certains FUJIFILM (FUJI GW690, FUJI GA 645), l’Hasselblad XPAN, le Contax G2 ou le Nikon F6. De manière évidente, un nombre élevé de déclenchements peut indiquer un risque accru de pannes, nécessitant donc une attention particulière lors de l’achat.

7- Les appareils mécaniques et électroniques

HostoPhoto souligne la durabilité des appareils entièrement mécaniques comme le Rolleiflex. Ces modèles traversent les années alors qu’un appareil comportant des circuits électroniques demeure plus fragile. Certains boîtiers peuvent tomber en panne sans crier gare, mais aussi et surtout, sans possibilité d’être remis en état. Ainsi, privilégiez les appareils mécaniques qui sont réparables dans la majorité des cas et qui peuvent être révisés. 

Le Rolleiflex est un appareil complètement mécanique

En suivant attentivement ces points, vous serez bien armé lors de l’achat d’un appareil argentique. Gardez tout de même à l’esprit qu’une révision reste souvent nécessaire pour garantir le bon fonctionnement du matériel. Souvenez-vous que ces appareils ont parfois plus de 60 ans. Ainsi, une révision peut varier entre 80 et 150 euros pour un reflex, et de 100 à 400 euros pour un TLR. Il semble donc judicieux d’inclure ce coût dans votre budget. 

Je remercie vivement HostoPhoto pour ces précieux conseils et je vous invite à le suivre sur ces différents réseaux : 

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