La photographie argentique a connu de nombreux rebondissements au cours de son histoire. Pourtant, avant les années 2000, elle occupait une place centrale dans le paysage artistique. Charger une pellicule dans un appareil, développer un film ou faire un tirage à l’agrandisseur en chambre noir étaient alors la norme pour les photographes professionnels ou amateurs

Mais, l’arrivée du numérique a bouleversé les pratiques et la photographie argentique est doucement tombée en disgrâce au profit des nombreux avantages proposés par les appareils numériques. Parmi leurs atouts, on peut citer l’immédiateté du numérique, de belles performances en basse lumière et un stockage facile sur carte mémoire. C’est ainsi que le 12 janvier 2012, la firme américaine Kodak dépose le bilan après avoir subi l’effondrement de son marché. 

Et alors que personne ne l’attendait, la photographie argentique revient depuis plusieurs années sur le devant de la scène. La nouvelle génération s’en empare de plus en plus. Dans cet article, vous allez comprendre pourquoi l’argentique a encore sa place en 2024.

KODAK et ILFORD : les géants du marché qui ont toujours la côte

Si ces deux mastodontes du film argentique ont traversé des périodes difficiles, notamment avec la pandémie de la COVID-19, ils ont su rester à flot. 

2024 a apporté une bonne nouvelle pour les amateurs de pellicules Kodak puisque la firme américaine n’a pas augmenté ces prix, contrairement aux années précédentes. Certains rouleaux ont même diminué, telle que la Kodak Tri-X 400 qui affiche une baisse de 30% par rapport à 2023. La marque s’est illustrée il y a peu dans le film oscarisé « Oppenheimer » du réalisateur Christopher Nolan en élaborant une pellicule argentique noir et blanc 65 mm. Hoyte van Hoytema, directeur de la photographie sur le film, a d’ailleurs déclaré “Il n’y a toujours rien qui surpasse la résolution, la profondeur, la couleur et la douceur d’un film argentique”. 

En décembre 2023, le géant de la photographie argentique noir et blanc, Ilford photo a quant à lui secoué le marché de la couleur en lançant pour la première fois une pellicule de ce type. La Phoenix 200 a été conçue par Harman Photo en se basant sur la célèbre Ilford XP2. Le résultat est plus que convaincant et son rendu se démarque de celui obtenu avec des pellicules Kodak. Disponible pour le moment uniquement en format 35 mm, c’est un produit à suivre de près !

➡️À lire : Quels films couleur utiliser pour débuter la photographie argentique ?

LEICA et PENTAX : les marques qui se lancent sur le marché de l’argentique en 2024

Leica a relancé en octobre 2022 la production de son M6, le légendaire appareil télémétrique, 20 ans après l’arrêt de sa commercialisation. Considéré comme le “graal” pour tout photographe de rue en argentique, il a été lancé en 1984 et n’a depuis pas été détrôné. Discret, élégant et bien construit, cet appareil mythique possède tout de même un prix à la hauteur de ces qualités puisqu’il faut compter 5 450 euros pour se le procurer ! 

La marque japonaise PENTAX se lance également dans l’aventure de l’argentique en 2024, après avoir connu quelques déconvenues dans le numérique. En effet, le développement d’un appareil argentique demi-format s’inspirant du Pentax Espio mini est en cours. Grâce à lui, il sera possible de faire 72 photos en format vertical avec une pellicule 36 poses 135. Sa sortie est prévue pour l’été 2024. 

Enfin, comment ne pas citer la collaboration entre la célèbre marque argentique Rollei et l’entreprise Mint ? L’emblématique Rollei 35, l’ultra compact au look vintage, va renaître de ses cendres. Le nouveau modèle sera modernisé avec l’apparition notamment d’un autofocus, rendant plus confortable la mise au point qui se faisait avec un système de zone focusing. Modernisé oui, mais pas dénaturé puisque son design original a été conservé. Cet appareil plein de charme sera commercialisé à la fin de l’année 2024. 

Pour plus de détails, n’hésitez pas à regarder ma vidéo YouTube sur le sujet : 

La photographie argentique : l’authenticité face aux intelligences artificielles

Alors qu’il devient de plus en plus difficile de distinguer une vraie photo d’une image créée avec l’intelligence artificielle, le négatif rassure par sa matérialité et son authenticité. Objet physique, il permet des manipulations telles que la numérisation ou le tirage. Les possibilités artistiques avec ces procédés sont infinies et permettent au photographe d’exprimer toute sa créativité. Et puis, quel plaisir de voir ses clichés se concrétiser sur un objet, de pouvoir les tenir entre ses mains ! 

En plus de ces avantages, la photographie argentique permet aussi l’archivage et la conservation des images. La durée de vie d’un disque dur externe est d’environ 5 à 7 ans, alors que celle d’une pellicule va bien au-delà des 20 ou 30 ans. On ne compte plus le nombre de photos perdues sur une carte mémoire ou sur un disque dur externe. Le négatif, lui, peut être conservé dans un classeur à l’abri de la lumière et dans un endroit sec pendant des décennies sans risque.

négatifs argentiques

Certes, la pratique de la photographie argentique a évolué depuis le temps d’Henri Cartier Bresson. Mais, elle a aussi su s’adapter aux avancées technologiques ou aux envies des nouvelles générations. Alors que nous vivons dans un monde où l’immédiateté et les images générées par intelligence artificielle gagnent du terrain, la photographie argentique n’est pas démodée. Cette année encore, de nombreux projets artistiques sur pellicule voient le jour que ce soit au cinéma ou dans des livres.

Alors, pour répondre à la question posée un peu plus haut : Oui, il faut continuer de faire vivre la photographie argentique. Différemment peut-être, mais je reste convaincu que cette pratique n’a pas dit son dernier mot… 

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